ZAD – 23h10
Nos reporter joint par téléphone nous content leur arrivée parmi les opposants au désormais célèbre projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il est 20h lorsqu’ils passent l’un des barrages de Gendarmerie.
Ils ne tardent pas à rencontrer les habitants de la Zone qui leur font bon accueil. Point « d’anarchistes violents et dangereux » comme on a souvent pu le lire ou l’entendre dans la majorité des médias, seulement des centaines de gens convaincus du bien-fondé de leur combat. Certains demeurent ici depuis 1989 et refusent de quitter les lieux. Pour la plupart, ce sont de jeunes gens qui n'ont plus de la trentaine.
Tout de suite, le territoire « occupé » apparaît bien plus vaste et bien plus complexe que l’image retournée par les médias ; rempli de coins et de recoins que les habitants connaissent mieux. Les opposants sont organisés et utilisent divers moyens de communication entre eux pour une action rapide en cas de nécessité.
L’ambiance est calme et plutôt sympathique. On sent cependant une tension sourde en arrière-plan. Les opposants sont très méfiants vis à vis des journalistes, ils avouent même mener la vie dure à certains d’entre eux.
On nous a parlé d’irrégularités dans les procédures d’expulsion de locataires, de délais de préavis non respectés. Certains des Habitants sont d’ailleurs convoqués chez le « juge de l'expropriation », alors que ces derniers sont de simples locataires.
De fait, les forces de l’ordre n’hésitent pas à ruser pour déloger les habitants, rentrant dans les logis lorsque ceux-ci s’en éloignent. Il suffit de se rappeler les scènes de violences des 23, 24 et 25 novembre, qui firent une trentaine de blessés graves pour comprendre que la situation n’est pas un jeu. « Ils nous jettent exprès des grenades assourdissantes entre les jambes » lance un opposant.
Par ailleurs, au moment de l'appel, plusieurs détonations de grenades sont entendues. Puis le silence. Il est aux alentours de 23h10.